On n’est donc pas face à un livre d’artiste à proprement parler, mais on n’est pas non plus face à un pur et simple accompagnement, le poète illustrant en mots un travail plastique. C’est sur ce point que le livre me paraît très réussi : Françoise Ascal reste solidement au bord, à la limite : ne pas perdre l’œuvre, ne pas se perdre dans l’œuvre. Autrement dit, repartir de l’énergie originaire du travail de Hollan (apparition/disparition de la figure) pour arriver à un questionnement d’exister qui soit poétiquement autonome, par exemple rejoindre ce « calme du non-né », entre néant et naissance, avant le cri. Les figures méditatives d’A. Hollan ouvrent un choix, pas si loin peut-être de la méditation d’Hamleth. Les poèmes d’Ascal tranchent : ce sera du côté du vivant, non du gisant. « visages trop lisses // dans la cage d’os/tourne/une meute inapaisée ». Même si on entre dans le monde des « ombres », il y a encore quelqu’un qui appelle : « qui veille ici ? » Au-delà, s’il faut considérer la mort sans phrases, on retrouve du distinct, de la séparation : « vous/multitude enfouie sous l’humus // nous/solitaires derrière nos visages ». Cette suite de poèmes accompagne certes les figures d’Hollan, mais moins qu’elle ne les traverse pour rejoindre ce qu’elles portent vraiment : un visage « apaisé » par la méditation, et non un masque mortuaire en train de se perdre dans la nuit.