
À paraître, été 2023

374 pages au format 15 x 21 cm
Sous couverture Rives Tradition
Préface et notes de Ronan Nédélec
Chroniques parues dans Le Monde, La Vie, Bretagne magazine, La Vie catholique, Le Cri du monde, Les Nouvelles littéraires, autrement et Hors Jeu.
EXTRAIT
Je n’irai pas à Portsall. Je ne veux pas voir crever la splendeur Armorique. Je n’irai pas. Je ne me mêlerai pas à ces milliers de voyeurs qui se bousculent pour assister à l’odieuse copulation d’un supertanker avec cette mer qui était la souveraine des vents et des oiseaux.(…) De cette catastrophe, on ne peut parler qu’en termes pour ainsi dire métaphysiques et religieux. Nous nous sentons tous obscurément coupables, nous tous consommateurs de fuel pour nos bagnoles et nos demeures. Une culpabilisation collective. Et c’est la beauté de la terre elle-même – cet état de grâce – que nous avons gâchée. Lame à lame, marée après marée, tempête après tempête, la Bretagne avait écrit ici le poème de la mer, la genèse du monde. Et les voilà souillés sous des tonnes et des tonnes de liquide dégoûtant. Les portes dévergondées de la ville d’Ys n’étaient rien comparées à cette perversion massive. Et qu’était la débauche légendaire de Dahut comparée à cette dissolution qui dégrade les molécules et les jardins de la mer, et la cellule intime des oiseaux et des goémons ? Et le soleil lui-même n’arrive pas, dans ses rares apparitions, à illuminer la surface de ce magma abject.
QUATRIÈME DE COUVERTURE
« Il faut chaque jour célébrer la messe de l’univers. » Qui mieux que Xavier Grall aura réussi à concilier le concret et l’universel, le combat breton et l’ouverture vers ces autres mondes qui sont plus grands que nous ?
Après lui avoir rendu hommage dans Ne vivent haut que ceux qui rêvent pour le quarantième anniversaire de sa disparition, le moment nous a semblé opportun de publier une partie inconnue de son œuvre de journaliste. Car s’il était un rêveur de grande bohème, Xavier Grall était aussi l’auteur de nombreux reportages, enquêtes, billets et chroniques. Foisonnantes et roboratives sont les thématiques qu’il aborde, en cette période d’exode rural où la France est plus occupée à construire des usines qu’à défendre ses paysages. Sur le plan des idées, le structuralisme philosophique en est à son apogée, et les débats concernant la technique et ses dérives sont à l’origine de violentes polémiques. Courageux et engagé Xavier Grall prend position : il ne peut concevoir une société construite au profit de quelques-uns, dans laquelle la nature et les êtres vivants pourraient devenir de simples variables d’ajustement.
Sans jamais exprimer de fausses illusions, sa parole était néanmoins génératrice d’espoir, car il voyait toujours une éclaircie dans les nuages, un vent contraire aux vents mauvais. Devant tant d’aspects de l’histoire qui divisent, devant tant d’erreurs irréparables, il se savait attendu ! Pour ses nombreux lecteurs il était alors « Xavier l’enchanteur », le scribe d’une fraternité vraie et un citoyen du monde.
Yvan Guillemot