Guillevic, Eugène (Carnac, 5 août 1907 – Paris, 19 mars 1997).

Poète né en Bretagne. Père gendarme, déménagement en Alsace. Il n’apprend pas le breton mais l’alsacien et l’allemand. Solitaire et mal-aimé par une mère brutale. Sa modeste condition sociale l’empêche de poursuivre de longues études et, à 19 ans, il entre dans l’administration. Ami de Jean Follain, il prend part à « l’école de Rochefort » aux côtés de René-Guy Cadou. En 1942, pendant la guerre d’Espagne, il adhère au parti communiste. Travaillant à Paris, il n’oublie pas ses lieux d’enfance, « tant je suis habité par ma Bretagne interne, que j’ai mis longtemps à la situer, elle était une présence permanente, à peine liée à un espace, à une réalité géographique ». Guillevic est une voix poétique majeure du XXe siècle : il n’a cessé d’écrire, depuis son premier recueil, Terraqué en 1942, plus d’une vingtaine d’ouvrages jusqu’à Possibles futurs en 1996, un an avant sa disparition. Grand prix de l’Académie française en 1976 et grand prix national de poésie en 1984. Une œuvre marquée par la sincérité et la fécondité, qui n’en finit pas de s’interroger et de tendre vers l’épanouissement, la réconciliation, vers une harmonie qui s’exprime en termes quasi religieux : « Si la femme aimée est sacrée, c’est que l’on a à travers elle des rapports avec le cosmos. Quand elle vous rejette, le cosmos se referme. Sinon, pourquoi cette importance donnée à l’amour ? ».