la chronique de la rue Saint Paul

Présentation

Mireille Gansel appartient à la génération de l’après libération des camps de concentration, c’est-à-dire à la première génération pour qui s’est posée la question de l’avenir de la raison humaine après Auschwitz.

Que ce soit comme traductrice ou comme auteur, elle construit patiemment une œuvre fondée sur le ‘‘devoir de connaissance’’ en privilégiant – à l’image de l’ethnologue Eugénie Goldstern – le témoignage direct et la rencontre avec ceux qui ‘‘se souviennent encore’’.

Chronique de la rue Saint-Paul, portée par une éthique exigeante, pose la question des lieux sinistrés.

Extrait

Au bout de la rue Saint-Paul, sur la droite juste avant les quais, entre deux pans aveugles, il y a un terrain vague, grand comme une maison arrachée. Une maison qui a été vidée de ses habitants “pour insalubrité”, décrétée en plein hiver 1942…

Les gens de la rue se souviennent :

– les verts de gris, ils sont arrivés à trois heures du matin. C’était des hurlements, des cris de fou. Les petits bébés, dans les bras des mamans. Et puis, ils les ont séparés, les mères d’un côté, les enfants de l’autre.