La photo et la poésie pour regarder vers l’« infinitude »
Ile-Tudy — L’exposition « Infinitudes » prend ses quartiers pour un an, en face de l’océan, en extérieur. Le fruit d’un travail entre le frère et poète Gilles Baudry et la photographe Aïcha Dupoy de Guitard
Une nouvelle exposition en extérieur, le long du mur du cimetière, face à l’océan, s’offre au regard et à la sensibilité des passants de l’Île-Tudy. Chacun est invité à ressentir, s’étonner et s’émerveiller des mots du moine et poète Gilles Baudry, enraciné dans l’inspirante terre bretonne, et des clichés d’Aïcha Dupoy de Guitard qui, de son objectif, sait à merveille chaparder en tous lieux et avec tant de talent la poésie du monde. Cette exposition est née d’un recueil publié en novembre 2024, Infinitudes, fruit d’une intense collaboration entre le poète et la photographe, trait d’union entre la terre et la mer, « un voyage de l’instant et de reconnexion à la beauté du monde ». La complicité de ces artistes ne date pas d’hier. Après leur rencontre à l’abbaye de Landévennec, il y a une dizaine d’années, deux ouvrages réalisés en commun avaient déjà marqué les esprits : Le Matin des arbres, en 2017, puis les Eaux intérieures, en 2019.
« Rêveur de grève »
Le professeur de lettres Alain-Gabriel Monot, ami des deux créateurs, auteur de l’élégante postface d’Infinitudes, a eu l’idée de cette exposition, soit 32 étapes d’une randonnée sensorielle. Deux panneaux, signés Alain-Gabriel Monot, explorent l’univers artistique de chacun et le lien qui les unit, auxquels s’ajoutent 20 photos d’Aïcha Dupoy de Guitar et 10 poésies du Gilles Baudry. Ce dernier se définit comme « un rêveur de grève, un serviteur de la parole ». Il ajoute : « J’aime ciseler les mots, marier leurs sons et leur sens » et affirme que « l’horizon se dérobe, simplement pour que l’on regarde plus loin ». Quant à Aïcha Dupoy de Guitard : « Ma quête, c’est la recherche de jaillissement. La poésie du monde est partout présente, par les petits moments d’éternité qu’elle offre. Les couleurs, les ambiances qui surgissent changent le cours de nos vies étroites. » Les mots de l’un et les instantanés de l’autre s’entrecroisent et tissent une terre nouvelle, comme « un pressentiment de l’éternel ». Ici, la veine moutonneuse des nuages flirte avec des flaques de soleil. Parfois, c’est la rosace d’un soleil couchant qui apaise la complainte des hommes. Ces deux regards se font cortège et leurs affinités nous conduisent en cet ici, « où l’on est agi par la mer ». Pour le religieux, la poésie, « ce chant intérieur, réside en cette recherche passionnelle que l’on ne saurait atteindre ». Pour la photographe, « la poésie de la nature nous relie au fil de l’humanité, de l’émerveillement facile et instantané ». Cette escale littéraire et picturale est proposée pour une année complète. Une invitation irrésistible à regarder en face la beauté du monde.