Les articles du poète breton Xavier Grall rassemblés dans un recueil

Un troisième ouvrage en hommage au poète breton Xavier Grall rassemble ses articles, en particulier ceux parus dans Le Monde. Ils n’ont pas pris une ride.

Il fallait bien trois livres pour rendre hommage à Xavier Grall à l’occasion du quarantième anniversaire de sa disparition en 1981. Un premier ouvrage a rassemblé l’ensemble de son œuvre poétique. Un deuxième a proposé des textes d’écrivains pour parler de lui et de son héritage littéraire. Le troisième et dernier, tout juste publié, réunit les articles du poète breton, l’ensemble de ceux écrits dans le quotidien Le Monde et d’autres titres. La boucle est bouclée même si d’autres livres paraîtront sur l’œuvre de l’écrivain dont les écrits ne vieillissent pas. Ceux-ci, rédigés il y a quelques dizaines d’années, sont encore tout frais. C’est le privilège des poètes de savoir regarder loin devant. Installé dans son village de Bossulan, près de Pont-Aven (Finistère), Xavier Grall ne s’était pas coupé du monde, bien au contraire.

Si attentif à la marche du monde

Il revendique plus d’autonomie pour la Bretagne, sujet qui revient en force dans le débat public. Mais il en parle bien mieux que n’importe lequel des hommes politiques… On ne noiera jamais la Bretagne dans une abstraction hexagonale, écrit le poète qui se préoccupe aussi des dérèglements climatiques quand le sujet ne passionne guère. Que signifient ces cycles détraqués par des paroxysmes tantôt de chaleur, tant de pluies ?, s’inquiète-t-il en 1977. Il livre toute sa rage en voyant les agressions contre la nature, notamment face aux marées noires souillant régulièrement les côtes bretonnes, comme celle de l’Amoco-Cadiz, le 17 mars 1978 : « C’est l’accomplissement du péché industriel contre l’innocence sauvage du monde. »

Le regard du poète, né à Landivisiau (Finistère) en 1930, a gardé toute sa pertinence. « C’est un personnage multiple. Certains le voient comme un mystique, mais il était aussi très engagé dans la vie de la cité et ouvert sur le monde. Chez lui, tout cela cohabite très bien », explique Yvan Guillemot, éditeur et responsable de Calligrammes. Il n’y a rien d’anodin chez Xavier Grall. Même lorsqu’il parle de la pluie : « On ne planifie pas cette reine des mers celtiques. On ne soumet pas cette fille féconde et querelleuse. »