Xavier Grall, toujours en quête

Dans les cercles des poètes disparus, le nom de « Grall » est un sésame. Ici, pourtant, pas de chevaliers de la Table ronde. Mais un homme, seul, cheveux longs, noirs, le visage taillé à la serpe, les yeux profonds. Lancé dans cette quête mystique du verbe d’or, la poésie. Né à Landivisiau en 1930 et décédé à Quimperlé en 1981, c’était un homme de lettres. Il a été journaliste à La Vie catholique, au Monde. Il a effectué un court passage à Ouest-France. Il prêtera sa plume alerte à des journaux et magazines bretons. Service militaire au Maroc, guerre d’Algérie. Vivant à Paris, il se redécouvre breton et va nicher près de Pont-Aven, dans sa ferme de Botzulan, avec sa femme Françoise et ses cinq filles. Grall aime s’entourer d’amis, comme le tonitruant Glenmor. Il est fort en gueule lui aussi, quand, sur un plateau de télé, il apostrophe un Pierre-Jakez-Hélias trop passéiste et rebaptise son Cheval d’orgueil, « Cheval couché ». Les éditions Calligrammes ressortent l’Œuvre poétique du barde de Nizon. Rires et pleurs de l’Aven rendent hommage à ses amis, de même que La sône des pluies et des tombes. La fougue et le lyrisme de Grall sont intacts. Sa poésie rimbaldienne est toujours vivante. Et vibrante. « Au far-west du monde européen / Je te salue ma vigie hauturière / Amer de mes lofs / Aber de ma paix / Varech de mes peines. »