BLEU EST LE PAYSAGE

« Nous avions une grande poète et nous ne le savions pas. » Ainsi s’ouvre le prologue du livre d’Alain-Gabriel Monot et  de la photographe Aïcha Dupoy de Guitard sur Émilienne Kerhoas. Car c’est bien de cette dernière dont on parle ici. À peine une vingtaine de recueils publiés, pour la plupart épuisés, l’œuvre d’Émilienne, si elle demeure relativement confidentielle, n’en est pas moins remarquable. Son premier recueil, Saint-Cadou, est publié en 1957. Elle est institutrice dans cette même commune de Saint-Cadou, et maman de cinq enfants. Posant son « regard espiègle et effronté sur le monde », la poète est une femme libre, férocement indépendante, en lutte permanente : « Dans le creux des mots comme dans le creux de mes mains, je bois ce qui n’étanchera jamais ma soif. » Bien mieux qu’une biographie, hommage est ici rendu à une « personnalité splendide et singulière », selon les mots d’Yvan Guillemot, et à cette région où elle a vécu, superbement mis en images par Aïcha.